- Etant éloigné du théâtre de cette tragédie, je n'ai pour ainsi dire que très peu droit à la parole, mes frères. Aussi, mon cher Potter, toi dont je connais comme nous tous l'engagement et la fidélité au service de la Hernandad del Calamar, je t'assure de mon entière compassion, et je lève mon verre à nos morts, qu'ils reposent en paix, après une vie qu'ils ont choisie bève, mais dense !
Et Jan avala d'un trait le rhum qu'il s'était versé exceptionnellement dans ce moment de tristesse.
- Mais qu'ils ne soient pas morts pour rien, et qu'une leçon payée à ce prix fort ne soit pas gaspillée. Il me semble que nous nous devons de réfléchir aux conditions d'engagement dans la bataille, et des questions me taraudent depuis le début des événements : est-ce que notre flotte, ne comprenant aucun rapide à l'origine des combats, n'était pas plus une flotte d'orgueil qu'une flotte de guerre ? Est-ce que nous n'aurions pas intérêt à convenir d'une organisation plus méthodique avant d'engager l'ennemi, en nous inspirant de celle des armées romaines par exemple dont le moindre geste, du moindre soldat, ainsi que le rappelle Machiavel, était étudié en vue d'une efficacité maximum ? J'en reviens à cette idée de former des groupes de navires mixtes, avec deux lourds, ou un mi lourd et un lourd + deux rapides, fonctionnant en bi-nômes, chacun étant chargé de couvrir l'autre membre de la paire, et les deux paires étant chargées de s'épauler l'une l'autre, sous l'autorité d'un chef de groupe, car il faut une tête à ces organismes vivants, l'amiral de la flotte entière donnant les objectifs stratégiques, la communication par pigeons étant étudiée elle-même pour que chaque message parvienne à l'échelon adéquat : individu, groupe, flotte ... Qu'en dites-vous, est-ce que je déparle complètement ?
Pour quelqu'un qui s'était interdit droit à la parole, Jan n'était pas muet pour autant ... Mais on sentait bien qu'il avait réfléchi à la question, et l'expérience du groupe d'Acapulco l'avait s^purement conforté dans cette réflexion.